Jeûne, prière et partage pont vers Dieu et le prochain
Le temps court si vite ! L’urgence de nous préparer à entrer en possession du salut annoncé par Jésus-Christ à travers les divers moments qui ont rythmé son histoire se fait encore plus pressante. Oui, se préparer pour vivre. Vivre qui ne peut exclure ‘’mourir’’, car « si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits » (Jn 12,24). Nous voici déjà aux portes du Temps de Carême qui s’ouvre avec le mercredi des cendres. C’est un Temps pour mourir à soi afin de vivre de Dieu pour les autres, c’est-à-dire, porter du fruit.
Le Carême selon son étymologie, est une altération populaire de l’expression latine quadragesima dies, le « quarantième jour » avant Pâques. Le chiffre quarante revient plusieurs fois dans la Bible et fait mention à un temps suffisant pour l’accomplissement d’une œuvre salvifique. Que ce soit avec les quarante années de traversée du désert par les Hébreux, les quarante jours passés au désert par Jésus ou encore les quarante jours du déluge, nous voyons la symbolique biblique du chiffre quarante.
En effet, l’institution du Carême remonte au quatrième siècle et répond à la nécessité de prévoir une période de préparation à la grande fête chrétienne qu’est la Pâques. Le caractère pénitentiel et ‘’austère’’ du Carême est aussi symbolisé par l’imposition de la cendre au mercredi dit ‘’des cendres’’ et qui signifie la fragilité de notre vie et la nécessité de nous convertir, c’est-à-dire éviter de nous centrer sur nous-mêmes et nous tourner vers Jésus-Christ qui est notre Salut.
Le Carême est une période très précieuse pour tous, d’autant plus qu’il consiste à voir sincèrement dans notre manière de vivre, dans notre vie humaine et chrétienne, là ou il y a un réel et décisif besoin de changement, une libération de tout ce qui constitue un obstacle patent ou sournois de vivre dans la plénitude de l’amour pour le Seigneur et pour le prochain. A ce propos, l’Encyclique ‘’Fratelli tutti’’ du pape François sur la charité et la fraternité universelle nous serait d’une aide précieuse durant ce temps de grâce.
Cette période caractérisée essentiellement par la Prière, le Jeûne et l’Aumône est un appel de l’Eglise, donc de Dieu, à remettre à jour dans nos vies chrétiennes quotidiennes ou à accentuer ces pratiques précieuses qui nous relient à Dieu Lui-même et nous maintiennent dans une parfaite fraternité humaine. L’invite à s’abstenir de viande durant ce temps, surtout les vendredis, peut être définie comme un signe de l’abandon du luxe extravagant qui entoure nos vies pour vivre dans la sobriété et agir afin d’éviter le dénuement total chez le frère ou la sœur en face.
La Prière donc nous permet d’entretenir une relation permanente d’amour avec Dieu dans la reconnaissance de notre dépendance par rapport à Lui et de notre petitesse. Le Jeûne exprime la participation du corps au cheminement de la conversion, favorise l’abstention au péché et nous porte à faire l’Aumône en allant à la rencontre des nécessités des pauvres de tout genre. Rappelons-le, il n’y a pas de vraie conversion à Dieu sans conversion à l’amour du prochain.
La spiritualité du Carême est caractérisée par une écoute plus prolongée et attentive de la Parole de Dieu et une pratique de la pénitence qui se déploie dans un esprit de prière et de charité. Cette pénitence, qui est un acte du retour au Père, doit se faire dans la joie, la joie de retrouver le sens réel de notre vie, et dans la sérénité, plutôt que dans la présentation d’un air assombri. Au cours des célébrations durant ce temps, on utilise la couleur violette, couleur de pénitence et les autels ne sont pas ornés de fleurs. Lors de la messe, on ne chante pas le ‘’Gloria’’ ni l’ « Alleluia ». Toutefois, le quatrième dimanche du Carême, ‘’dimanche de la joie’’, en latin ‘’Laetare’’, doit faire l’exception.
La pandémie de la Covid nous a fait prendre conscience de nos limites et de notre fragilité. Retournons à Dieu, convertissons-nous vraiment. Ne laissons pas passer ce Temps de Carême qui est une aubaine de grâce. Que la force du Saint-Esprit nous soutienne. Fructueux Carême à tous.
Sr Sépopo Julienne ZOLI
Merci Soeur Julienne