« Que des jeunes, après l’homélie, offrent la lettre du Pape François aux grands parents et aux personnes âgées » Mgr Barrigah, à l’orée de la première journée mondiale des grands parents et personnes âgées
A L’orée de la première journée mondiale des grands parents et personnes âgées décrétée par le Pape François qui sera célébrée, ce dimanche 25 juillet 2021. Mgr Nicodème Anani Barrigah-Benissan, Archevêque de Lomé et Administrateur Apostolique d’Atakpamé se prononce.
C’est avec un grand soulagement et une profonde joie car un nombre croissant de nos grands parents et personnes âgées vivent aujourd’hui un véritable drame silencieux dans une société qui tend à mesurer la valeur d’une personne à sa rentabilité et à son poids économique. Si jadis dans nos grandes familles, ces catégories vulnérables étaient toujours entourées de soins et d’attention, il faut reconnaitre que de nos jours les personnes âgées se sentent seules et abandonnées face à leurs difficultés.
Le regard de l’Eglise
Un regard de gratitude pour ce que nous leur devons, de reconnaissance de leur valeur et d’attention à leurs besoins. L’Eglise regarde les personnes âgées avec gratitude parce que c’est grâce à elles que nous avons le bonheur d’exister et de disposer de ce que nous avons aujourd’hui : elles nous ont tant donné quand elles étaient plus jeunes. L’Eglise nous demande également de savoir les valoriser car leur âge avancé et les limitations qu’il entraîne ne diminuent en rien leur valeur humaine. Enfin nous devons porter sur elles un regard plein d’attention car elles ont besoin de nous tout comme nous aussi nous avons besoin d’elles.
Disposition archidiocésaine
Nombreuses sont les initiatives proposées non seulement pour la messe et le jour de la fête mais aussi pour la suite. En effet, le but de cette journée mondiale n’est pas seulement d’organiser une belle célébration autour des personnes âgées pour les oublier aussitôt après mais surtout de changer fondamentalement d’attitude à leur égard en les valorisant, comme le Pape François nous le demande. A cet égard, il convient, dans la mesure du possible, de faire participer toutes les générations à cette fête : que les enfants accompagnent les grands parents à la messe et passent la journée en leur compagnie ; que les membres des communauté à organisent le transport de ceux et celles qui ne peuvent pas se déplacer ; que des jeunes, après l’homélie, offrent la lettre du Pape François aux grands parents et aux personnes âgées ; que des visites soient organisées par les paroisses, communautés ou associations aux personnes âgées dans les hôpitaux et les maisons, dans le respect des règles sanitaires ; que les personnes âgées qui nous ont quittés surtout en ce temps de Covid-19 soient confiées à la miséricorde de Dieu et que l’une des quêtes de cette célébration soit consacrée à soutenir des projets en faveur des personnes âgées de la communauté.
« Je suis avec toi tous les jours » (Matthieu 28,20)
Le Pape François nous trace la voie en proposant comme thème de la journée : « Je suis avec toi tous les jours » (Matthieu 28,20), un verset qui rappelle la promesse du Christ Ressuscité à chacun de nous. En réalité, tout comme Dieu est proche de chacun de ses fils et filles, nous sommes invités, nous aussi, à nous faire proches de toute personne âgée. Une proximité réelle et effective à leurs côtés, pour les écouter, les comprendre, leur manifester notre amour et prendre en charge leurs besoins. Il s’agit de leur consacrer du temps et leur faire sentir qu’ils sont encore importants et qu’ils ne sont pas seuls. Le livre du Siracide 3,12-16 résume tout cela en ces termes : « Mon fils, soutiens ton père dans sa vieillesse, ne le chagrine pas pendant sa vie. Même si son esprit l’abandonne, sois indulgent, ne le méprise pas, toi qui es en pleine force. Car ta miséricorde envers ton père ne sera pas oubliée, et elle relèvera ta maison si elle est ruinée par le péché. Au jour de la détresse, le Seigneur se souviendra de toi ; comme givre au soleil, ainsi fondront tes péchés. Qui abandonne son père est un blasphémateur ; qui met en rage sa mère est maudit du Seigneur. »
Nous connaissons bien la chanson de Conrad Gauthier « vieillir c’est souffrir » ou encore la blague de Georges Wolinski : « Après 60 ans, lorsqu’on n’a mal nulle part, c’est qu’on est mort. » Le vieillissement de notre corps entraine inévitablement la diminution de nos forces physiques et l’apparition de problèmes de santé. Rares sont les personnes âgées qui ne se plaignent de rien. En réalité, ces ennuis qui surgissent avec le temps font partie du cycle normal de la vie et ne sont pas à considérer comme un signe d’abandon ou de punition de la part Dieu. A chaque étape de la vie correspondent des situations particulières. Un bébé qui apprend à marcher fait nécessairement des chutes ; de même, une personne âgée qui parvient lentement au bout de son voyage connait aussi des difficultés. Mais soyons sincères : la solitude éprouvée par les personnes âgées n’est pas occasionnée par le Seigneur mais par les hommes. Si nous étions plus proches de nos grands parents, ils souffriraient moins. Dieu ne change pas ; son amour nous est toujours offert et il se fait encore plus proche de nous dans nos moments d’épreuve.
Les grands parents et toutes personnes âgées, transmettez la foi aux jeunes.
Je dirai plutôt que c’est à cette étape de la vie que commencent ces responsabilités. N’oublions pas que ce qui vieillit c’est le corps et non le cœur ; ce qui diminue ce sont les forces physiques et non l’amour. Les personnes âgées ont une expérience de vie que rien ne peut remplacer. Elles savent ce qu’est la vie, ses chances, ses opportunités et ses pièges. Elles connaissent le chemin et peuvent donc y conduire d’autres. Elles sont une mémoire vivante de notre histoire et des témoins de la foi. Quand elles disent que tout passe et que seul Dieu demeure, on peut voir cela à travers leur propre parcours existentiel. Cette sagesse-là ne peut être partagée ou enseignée que par nos grands parents pourvu que nous sachions nous mettre à leur écoute. Un proverbe de chez nous n’affirme-t-il pas qu’ « Un vieillard assis voit plus loin qu’un jeune-homme monté sur un arbre ? »
Nos traditions mettaient l’accent sur la vie communautaire, sur les responsabilités partagées et le respect des personnes âgées qui occupaient une place de choix dans les familles et la société. De nos jours, chacun est préoccupé par son bonheur personnel et cette recherche individualiste entraîne l’abandon des personnes vulnérables. L’oubli des autres est sans aucun doute une grave erreur de notre temps. Nous avons à réapprendre à vivre ensemble dans la reconnaissance de la valeur de chacun des membres de nos familles. Si nous n’enseignons pas à nos enfants à valoriser les grands parents, nous pouvons déjà prévoir comment nous serons traités dans quelques années.
Les défis dans la prise en charge des personnes âgées
Ils sont nombreux et variés car il faut à la fois des moyens humains et matériels importants pour assurer une telle prise en charge surtout de celles qui sont abandonnées, sans ressources, malades, handicapées ou totalement dépendantes. Il faut également réfléchir à la manière de les faire participer à la vie de la communauté, autant que le permettent leurs conditions physiques. Tout cela est bien complexe mais, à mon avis, le défi le plus grand qu’il importe de relever à tout prix est celui de l’indifférence car beaucoup de communautés et de familles ne sont pas encore suffisamment conscientes de la place qu’il faut y réserver aux personnes âgées. Je crois que la prise de conscience constitue déjà un grand pas dans la bonne voie. Quand on veut vraiment s’adonner à une cause, on trouve toujours les moyens de la réaliser.
Une approche particulière de la société togolaise révolutionnaire.
Trois actions me paraissent particulièrement importantes à ce sujet : prendre conscience du phénomène, retrouver nos valeurs familiales chrétiennes et traditionnelles, et enfin éduquer les jeunes générations à cette question. Puisse cette journée mondiale des grands parents et personnes âgées que nous allons bientôt célébrer être l’occasion de prendre des initiatives concrètes dans ce sens.
Source: Radio Maria Togo