« C’est en raison de votre endurcissement que Moise a formulé cette loi »
HOMELIE DU 27 EME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNEE B
« C’est en raison de votre endurcissement que Moise a formulé cette loi »
En ce 27 eme Dimanche du Temps ordinaire, les textes soumis à notre méditation nous exposent les fondements du mariage. Le texte de la Genèse nous dit clairement pourquoi l’homme ne peut être seul. Il est un être inachevé et il a besoin de la femme. L’homme et la femme sont appelés à s’achever l’un dans l’autre. Et Jésus dans l’Evangile précise que cette union est divine, elle ne relève pas de notre autorité. Quelques soient les arguments que nous pouvons avancer, nous ne devons pas séparer ce que Dieu a uni. Notre réflexion ce matin se portera sur l’infidélité, qui est un argument fort qui fait brandir le drapeau du divorce, mais aussi le concubinage qui est selon moi une autre façon de rompre ce lien d’unité entre l’homme et la femme.
Dans la première lecture tirée du livre de la Genèse, L’homme s’écria et dit : « Voici l’os de mes os, la chair de ma chair ». Il s’est émerveillé devant ce qui fait l’essence même de la femme, celui d’être sa moitié. Je ne pense pas qu’il se soit émerveillé seulement devant sa beauté, il est allé au-delà de la beauté, il a reconnu en l’autre une partie de lui-même. A chaque fois qu’un homme pose son regard sur une femme, c’est l’événement du jardin d’éden qui se répète. Au jardin d’éden, c’était l’émerveillement du cœur de l’un vers l’autre. Ou donc est passé cette réaction ? Pourquoi l’infidélité dans les couples ? Aujourd’hui il n’y a plus d’émerveillement, il n’ya que l’admiration du visage de l’autre, de la forme de sa tète, de la taille des seins ou des fesses, on s’arrête seulement à la beauté extérieure. Aujourd’hui nos yeux décident de notre avenir à la place de notre coeur. L’autre doit être une révélation et non une chose parmi les choses, dont je peux faire le choix et laisser si cela ne me convient pas, non. Ici mon choix de vivre avec l’autre m’engage pour toujours. Quand je choisi mon époux ou mon épouse c’est pour être un pour la vie. Ce n’est pas un simple geste comme choisir un bonbon et quand je me rends compte en le suçant qu’il devient amère, je décide de le jeter et d’en prendre un autre, non. Donner son corps c’est se donner. Nous ne devons pas jouer avec la sexualité. On donne son corps dans la mesure où on accepte de donner sa vie. L’infidélité est donc une atteinte à la vie de l’autre.
Le mariage est une communauté de vie à deux, pas à trois ou à quatre. Voilà pourquoi l’unité et l’indissolubilité sont deux piliers essentiels du mariage chrétien. « …Au commencement de la création il les fit homme et femme. A cause de cela, l’homme quittera son père ou sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un », nous dit l’Evangile. Notre cœur s’est endurci comme le dit le Christ dans et cela ne nous laisse pas voir dans cette union, un mystère de la présence de Dieu. Le mariage est devenu une formalité à remplir et tous les arguments sont possibles quand il s’agit de prendre une seconde épouse. Parce que la loi nous l’autorise, parce que la tradition nous l’autorise, parce qu’on s’est mis dans la tête que c’est normal pour un homme d’avoir plusieurs épouses, on se permet de justifier nos infidélités, on se permet d’ériger nos erreurs en droit. Comment peut-on aimer plusieurs personnes, comment un cœur peut-il battre ou s’unir avec plusieurs autres ? Ce qui fait que la femme ou l’homme nous échappe, c’est que nous les cherchons seulement dans leurs attributs, dans leurs qualités. Je veux tel genre de femme, belle, intelligente, pas bagarreuse…. C’est bien, mais il faut aller au-delà. Si nous nous arrêtons là on ne trouvera jamais une telle personne car nul n’est parfait. Nous laissons l’amour qui est l’essence d’une relation pour des attributs qui ne durent pas dans le temps.
Frères et sœurs disons non à l’infidélité et à la séparation en préparant bien nos unions devant Dieu. Le monde nous a donné tous les arguments possibles pour justifier le divorce. Oui je suis d’accord qu’il ya des situations qui sont difficiles, qui demandent compréhension, mais si nous aimons ce qui est beau, pourquoi ne pas apprendre à aimer ce qui ne l’est pas dans l’intention de le perfectionner ? La plupart des séparations sont le fruit de l’endurcissement de notre cœur. Pour un plaisir passager, le plaisir des yeux que nous voulons satisfaire, nous fermons notre cœur à l’amour de l’autre qui nous impose fidélité et nous sacrifions toute une relation qui a pris des années pour se construire. Saint Jean Paul II, cité par André Frossard dans le monde de Jean Paul II a dit : « le fruit de la connaissance était beau, mais ce n’était pas une raison pour sacrifier tout le jardin ». Si nous n’arrivons pas à éduquer nos sens à la retenu devant le plaisir des yeux, à la compréhension devant les imperfections de l’autre, si nous n’ouvrons pas notre cœur pour être capable de donner une seconde chance à l’autre, nous allons tout gâcher et souvent pour un rien. Saint Paul dans sa lettre aux Ephésiens nous rappelle que le mariage est un mystère à l’image du Christ et de l’Eglise et il nous invite au sacrifice. L’homme n’a pas toujours suivi les voies de Dieu, mais Dieu n’en fait pas un argument pour le laisser tomber. St Paul dit que Le Christ a voulu rendre sainte son église en la purifiant par l’eau et par la parole. Mari comme femme, nous avons la possibilité aussi de transformer ce qui n’est pas bon chez l’autre. Je ne justifie pas l’infidélité, mon souhait est d’abord de l’éviter et au pire des cas d’essayer de trouver une alternative. Ne brandissons pas le divorce comme étant la première ou la seule solution. Je reprends ici Saint Paul : « … Comme l’église est soumise au Christ, que les femmes soient soumises en tout à leurs maris. Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle… c’est ainsi que le mari doit aimer sa femme… » Ephésien 5, 24-27.
Apprenons à aimer vraiment, car ce manque d’amour vrai est à la base de toutes les déviations que nous pouvons rencontrer aujourd’hui et qui vont à l’encontre de l’ordre établi par le Créateur. Dieu a créé l’homme et la femme, pas un homme et plusieurs femmes, pas une femme et plusieurs hommes. Dieu a institué le mariage pour toute la vie. Quand l’ordre n’est pas suivi, quand les rôles sont inversés, c’est toute la société qui est déstabilisée. Que le Seigneur inspire aux jeunes de notre temps et à nous tous le respect du lien sacré du mariage. Amen !
Père Modeste Willy DJONI