Sainte Gertrude Religieuse Bénédictine d’Eisleben
Sainte Gertrude Religieuse Bénédictine d’Eisleben (1256-1302)
Sainte Gertrude d’Eisleben est la plus célèbre de plusieurs Saintes qui portent le même nom, et c’est pour cela que d’anciens auteurs l’ont appelée Gertrude la Grande. On la mit, dès l’âge de cinq ans, chez les Bénédictines d’Helfa. Elle y vint comme simple religieuse, sous la direction d’une abbesse du même nom qu’elle, dont la soeur était sainte Mechtilde d’Hackeborn, qui fut la maîtresse et l’amie de notre sainte Gertrude.
Gertrude apprit le latin dans sa jeunesse, ce que faisaient alors des personnes de son sexe qui se consacraient à Dieu dans la retraite. Elle avait aussi une connaissance peu commune de l’Écriture et de toutes les sciences qui ont la religion pour objet; mais la prière et la contemplation furent toujours son principal exercice, et elle y consacrait la plus grande partie de son temps. Elle aimait particulièrement à méditer sur la Passion et sur l’Eucharistie, et elle ne pouvait alors retenir les larmes qui, malgré elle, coulaient de ses yeux en abondance. Lorsqu’elle parlait de Jésus-Christ et de Ses mystères, elle ravissait ceux qui l’entendaient. Un jour qu’on chantait à l’Église ces paroles: « J’ai vu le Seigneur face à face, » elle vit une face divine d’une éclatante beauté, dont les yeux perçaient son coeur et remplirent son âme et son corps de délices inexprimables.
L’amour divin était l’unique principe de ses affections et de ses actions. De là ce crucifiement entier au monde et à toutes ses vanités. Elle fut l’objet d’un grand nombre de grâces extraordinaires; Jésus-Christ grava Ses plaies dans le coeur de Sa sainte épouse, lui mit des anneaux au doigt, Se présenta devant elle en compagnie de Sa Mère et agit en elle comme s’Il avait changé de coeur avec elle. Toutes ces grâces étonnantes ne firent que développer son amour de la souffrance. Il lui était impossible de vivre sans ressentir quelque douleur; le temps qu’elle passait sans souffrir lui paraissait perdu. Le zèle pour le salut des âmes était ardeur au coeur de Gertrude. Pensant aux âmes des pécheurs, elle répandait pour elles des torrents de larmes au pied de la Croix et devant le Saint-Sacrement.
Pendant la longue maladie de cinq mois dont elle devait mourir, elle ne donna pas le moindre signe d’impatience ou de tristesse; sa joie, au contraire augmentait avec ses douleurs. Le jour de sa mort étant venu, elle vit la Très Sainte Vierge descendre du Ciel pour l’assister; une de ses soeurs aperçut son âme allant droit au Coeur de Jésus, qui S’ouvrit pour la recevoir. Sainte Gertrude est une des grandes mystiques de l’Église. Le livre de ses Révélations est demeuré célèbre.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950