Saint Yves Avocat

Saint Yves Avocat (1253-1303)

Ce célèbre avocat des pauvres, des veuves et des orphelins naquit en Bretagne, en 1253, et était fils du seigneur de Kermartin, près de Tréguier. A l’âge de quatorze ans il fut envoyé aux écoles de Paris, où il étudia la philosophie, la théologie et le droit canonique; il étudia le droit civil à Orléans, et revint ensuite en Bretagne. L’évêque de Rennes le nomma son Official, c’est-à-dire juge des causes ecclésiastiques. Il reçut alors les Ordres sacrés, sauf la prêtrise. Sur les réclamations de son Ordinaire, qui était l’évêque de Tréguier, il alla exercer dans cette dernière ville la même charge qu’à Rennes.

En 1285, Yves fut ordonné prêtre et nommé curé de Trédrez. Décidé à bien remplir ses nouveaux devoirs, il se démit sa charge d’Official.

Yves fut le modèle des pasteurs. Il était d’une humilité si profonde qu’il ne pouvait souffrir la plus petite louange. Il faisait toujours ses visites à pied, et portait des sandales comme les religieux de saint François, dont il avait embrassé le Tiers-Ordre. Étant simple étudiant à Paris, il avait commencé à s’abstenir de viande; à Orléans, il cessa de boire du vin et entreprit de jeûner tous les vendredis. Ensuite, augmentant de jour en jour ses mortifications, il jeûna au pain et à l’eau tous les mercredis, vendredis et samedis de l’année. Son lit n’était qu’un peu de paille sur une claie d’osier; et sa Bible, ou une pierre, lui servait d’oreiller… Il distribuait aux pauvres les revenus de son bénéfice et de son patrimoine. Il ne pouvait supporter la vue des pauvres nus: visitant un jour un hôpital, il y en trouva plusieurs mal vêtus, il leur donna tous ses habits. Un autre jour que le tailleur lui essayait un habit, il aperçut dans la cour un pauvre demi-nu; aussitôt il lui fit donner l’habit neuf et garda le vieux.

Ce qui a rendu saint Yves illustre, c’est l’intégrité avec laquelle il exerça sa fonction d’Official. Il tâchait d’accorder les parties quand il les voyait sur le point d’entrer en procès; et, lorsqu’elles voulaient plaider, il favorisait toujours ceux qu’il reconnaissait avoir le meilleur droit. De toutes les causes qu’il soutint, soit comme juge, soit comme avocat, il n’y en eut jamais une seule d’injuste. De juge, il devenait quelquefois avocat en faveur des pauvres et des orphelins. On cite le cas de cette vertueuse veuve de Tours, qui avait reçu de deux filous le dépôt d’une valise renfermant une grosse somme d’argent, sous condition de ne la rendre qu’en présence des deux déposants. Six jours après, l’un deux sut si bien s’y prendre qu’il obtint la remise de la valise. Son complice cita alors la veuve en justice, en exigeant le remboursement intégral de la somme déclarée. Elle allait être condamnée, lorsque Yves représenta, en pleine audience, que la veuve était prête à produire la valise, mais avec la condition sous laquelle on la lui avait confiée, c’est-à-dire la présence des deux déposants. Le juge approuva cette conclusion. Pris dans ses propres filets l’escroc se troubla et finit par avouer que la valise ne contenait rien autre qu’un peu de ferraille.

Yves rendit sa belle âme à Dieu le 19 mai 1303, âgé de cinquante ans. Les pauvres, les orphelins, les malheureux le regrettèrent comme leur père nourricier, leur avocat, leur consolateur.

J.-M. Planchet, Nouvelle Vie des Saints, 2e éd. Paris, 1946

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