Sainte Jeanne-Françoise de Chantal Fondatrice d’Ordre (1572-1641)
Jeanne-Françoise Fremiot de Chantal, née à Dijon, réunit en elle toutes les distinctions, celle de la naissance, celle de l’esprit, celle surtout de la sainteté. Admirable en tout, dès son bas âge elle brilla surtout par un zèle ardent pour la foi catholique.
A cinq ans, on la vit reprendre avec force un hérétique qui parlait contre la présence réelle: « Monsieur, lui dit-elle, vous ne croyez pas que Jésus-Christ soit dans l’Eucharistie; cependant Il a dit qu’Il y était, vous croyez donc qu’Il n’a pas dit la vérité? » Le protestant, ne sachant que répondre, voulut fermer la bouche de l’enfant en lui offrant des dragées, mais elle les jeta au feu avec mépris, en disant: « Voilà, monsieur, comment les hérétiques brûleront en enfer pour n’avoir pas cru aux paroles de Jésus-Christ! »
Âgée de vingt ans, elle fut donnée en mariage à un époux digne d’elle, le baron de Chantal. Dieu donna de nombreux et charmants enfants à ces époux modèles; rien ne manquait à leur bonheur, quand une catastrophe épouvantable vint le briser: le baron fut blessé à la chasse, par accident, de la main d’un de ses amis, et mourut pieusement quelques jours après. Jeanne avait vingt-huit ans; elle reçut le coup terrible sans faiblir et fit à Dieu, à l’instant même, le voeu de chasteté parfaite, se traça un plan de vie austère, se vêtit sans luxe, porta le cilice et se donna tout entière à sa sanctification et à l’éducation de ses enfants.
Dieu lui fit bientôt rencontrer saint François de Sales, à Dijon même; dès lors elle se mit sous sa direction, et sa vie s’éleva rapidement à une perfection supérieure: « J’ai trouvé à Dijon, pouvait dire le Saint, la femme forte, en Mme de Chantal. »
Après avoir montré au monde le modèle de la mère chrétienne, Dieu va faire éclater en l’illustre Sainte le modèle sublime de la perfection religieuse. Elle devint fondatrice de l’Ordre de la Visitation. La séparation fut pour elle un sacrifice sublime; il lui fallut résister aux cris et aux larmes et passer par-dessus le corps de son fils aîné, qui s’était couché sur le seuil de la porte, criant: « Maman, ne me quittez pas! » Une telle âme devait franchir à grands coups d’ailes les sommets de la plus haute sainteté.
Elle en vint à faire le voeu de choisir toujours ce qui lui paraîtrait le plus parfait. L’amour de Dieu possédait son âme au point qu’elle n’en pouvait supporter l’ardeur. « Ah! disait-elle, si le monde connaissait la douceur d’aimer Dieu, il mourrait d’amour! » Saint Vincent de Paul vit son âme monter au Ciel sous la forme d’un globe de feu et rejoindre l’âme de saint François de Sales, brillante du même éclat.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950