Saint Zéphirin Pape et Martyr († 217)
Zéphirin, romain de naissance, succéda à Pape Victor en 202, c’est-à-dire dans l’année où Sévère alluma le feu de la cinquième persécution. Il fut l’appui et le consolateur des fidèles, et la charité lui fit ressentir ce que souffraient tous les confesseurs. Il est vrai que les triomphes des martyrs étaient pour lui un sujet de joie; mais son coeur reçut des plaies bien profondes de la chute des apostats et des hérétiques. La douleur que lui causait l’aveuglement de ces derniers ne cessa point lorsque la paix eut été rendue à l’Église.
Natalis qui vivait à Rome, et avait souffert diverses tortures pour la foi, s’était laissé séduire par Asclépiodote et Théodote le banquier, l’un et l’autre disciples de Théodote le corroyeur, que le Pape Victor avait excommunié à cause de son hérésie. Ces deux hérésiarques ordonnèrent Natalis évêque de leur secte, et s’engagèrent à lui fournir tous les mois un revenu de cent cinquante deniers d’argent. Mais Dieu eut pitié de celui qui avait confessé son nom; il l’avertit par plusieurs visions d’abandonner le parti des hérétiques, dans lequel il ne restait que par intérêt et par vanité. Enfin Natalis fut fouetté par un Ange pendant toute une nuit. Le lendemain il alla se jeter aux pieds de Zéphirin, fondant en larmes, et revêtu d’un habit de pénitence; il se prosterna aussi devant l’assemblée des fidèles, et y donna de si grandes marques de repentir, que tous en furent touchés.
Zéphirin montra son zèle avec tant de vigueur contre les blasphèmes des hérétiques séducteurs de Natalis, que ceux-ci le traitèrent de la manière la plus outrageuse; mais ce fut une gloire pour lui de s’entendre donner le titre de principal défenseur de la divinité de Jésus-Christ. Il mourut en 217, après avoir occupé le siège pontifical pendant dix-sept ans.
Nous voyons, surtout dans les premiers siècles du christianisme, une suite de pasteurs zélés à maintenir le dépôt de la foi, à veiller sur la pureté de la morale et à conserver la sainteté de la discipline. Qu’ils eurent de combats à soutenir! De quelle constance et de quelle fermeté n’eurent-ils pas besoin pour résister au paganisme, aux hérésies et à la corruption du monde! C’est par leurs travaux que nous jouissons des plus précieux avantages de la grâce. Nous devons donc à Dieu un tribu de louanges pour cette miséricorde dont Il a donné des marques si éclatantes à Son Église. Nous devons encore Lui recommander nos propres oeuvres, Le prier d’exalter la gloire de Son Saint Nom pour la propagation de la foi sur la terre, de susciter dans Son Église des modèles de vertu, des pasteurs animés de Son Esprit, un peuple disposé à captiver Son entendement sous l’autorité de la révélation, et à soumettre son coeur au joug aimable de la loi divine, un peuple saisi d’horreur pour les nouveautés profanes en matière de doctrine, et aguerri contre les assauts et les artifices de la corruption.
Vies des Saints recueillies par les meilleurs auteurs, Édition Georges E. Desbarats, 1868