Le prêtre ne représente pas Dieu, il le rend présent

Quand nous avons déclaré, il y a quelques jours que « le prêtre ne représente pas Dieu, …. », certains nous ont lancé des cailloux sans attendre l’article promis. Ils ont pensé que nous nous attaquons aux prêtres. Rassurez-vous, nous ne diminuions pas le rôle du prêtre. Nous voulions juste donner une compréhension plus grande.

Il est vrai que Saint Ignace d’Antioche a affirmé que l’évêque est « typos tou Patros », c’est-à-dire comme l’image vivante de Dieu le Père et dans l’Eglise, on dit que le prêtre agit « In Persona Christi Capitis » (dans la personne du Christ Tête). Mais certains vont vite en besogne en expliquant que le prêtre représente Jésus-Christ qui est le Souverain Prêtre exerçant le Vrai sacerdoce. le sens de « représenter » n’est pas le même dans ce contexte.

Dans le langage commun, « représenter » quelqu’un veut dire (généralement) recevoir une délégation de la part d’une personne pour être présente à sa place, parler et agir à sa place, car celui qui est représenté est absent de l’action concrète. Pris sous cet angle, pouvons-nous dire que le prêtre représente le Seigneur ? La réponse est non, car dans l’Eglise, le Christ n’est jamais absent, l’Eglise est son corps vivant et le Chef de l’Eglise c’est lui, présent et œuvrant en elle. Le Christ n’est jamais absent.

Alors, qu’est-ce que cela peut signifier ? Elevons le niveau s’il vous plaît

Nous allons d’abord rappeler l’origine de l’expression « In Persona Christi Capitis ». Ceci nous permettra de comprendre pourquoi nous soutenons mordicus que le prêtre ne représente pas Dieu.

Certains pensent que l’expression « in persona Christi » (en la personne du Christ), a fait son entrée dans le magistère de l’Église avec Vatican II. Elle est plutôt née dans le cadre de la théologie scolastique, au Moyen Âge, pour essayer de dire ce qui se passe dans les sacrements et a été modifiée par le concile Vatican II, qui lui a ajouté le mot « capitis ». « In persona Christi capitis » veut dire « en la personne du Christ tête ».
Le « Christ tête », c’est le Christ pasteur. Cette expression tente d’expliciter la manière dont le prêtre agit quand il célèbre les sacrements de l’eucharistie et, dans certains cas, de la réconciliation (décret de Vatican II Presbyterorum ordinis). Cette modification a été faite pour éviter que l’on assimile le prêtre au Christ parce que le prêtre n’agit pas toujours « in persona Christi ». Quand il le fait, c’est en tant que pasteur, quand il célèbre un sacrement. Le prêtre agissant « in persona Christi Capitis » et en représentation du Seigneur, « n’agit jamais au nom d’un absent, mais dans la Personne même du Christ ressuscité, qui se rend présent à travers son action réellement concrète. Il agit réellement et réalise ce que le prêtre ne pourrait pas faire : la consécration du vin et du pain, afin qu’ils soient réellement présence du Seigneur, absolution des péchés. Le Seigneur rend présente son action dans la personne qui accomplit ces gestes », nous disait le pape Benoit XVI le 14 avril 2010 dans son audience générale, place Saint Pierre. Et le Catéchisme de l’Eglise Catholique en N°1550 de clarifier que : « Cette présence du Christ dans le ministre ne doit pas être comprise comme si celui-ci était prémuni contre toutes les faiblesses humaines, l’esprit de domination, les erreurs, voire le péché. La force de l’Esprit Saint ne garantit pas de la même manière tous les actes des ministres ».

Avec Benoît XVI, nous disons que l’expression désigne avant tout une fonction de « représentation ». Ceci exclut alors d’emblée l’acception commune attribuée à cette fonction qui désigne ordinairement un pouvoir qu’une personne délègue à une autre pour être présent, parler et agir à sa place.

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