Saint Crépin Cordonnier, Martyr (285 ou 286)

Crépin cordonnier, faisait des chaussures pour les pauvres, quand on le saisit comme chrétien et on le conduisit à l’empereur Maximien, qui était de passage dans le nord des Gaules:

« D’où es-tu, lui dit le tyran, et quelle religion professes-tu?

– Je suis, répondit-il, un noble Romain qui avait émigré dans les Gaules pour y prêcher la foi chrétienne.

– Si tu persistes dans cette folie, leur dit l’empereur, je te ferai périr d’une mort cruelle: si tu sacrifies aux dieux, je te comblerai de richesses et d’honneurs.

– Tu crois m’effrayer par tes menaces, répond le saint martyr; mais, pour moi, le Christ est la vie, et la mort est une grâce. Quant aux richesses et aux honneurs, je les avait quitté volontairement; garde-les pour tes amis. Si toi-même tu ne renonces pas à tes dieux, tu brûleras au fond de l’enfer. »

Transporté de rage, Maximien abandonna le chrétien à l’un des plus cruels exécuteurs des persécutions contre les chrétiens, nommé Rictiovarus, pour le torturer avec une violence extraordinaire. Rictiovarus lui fit enfoncer sous les ongles des roseaux pointus; mais ces roseaux se retournèrent contre les bourreaux et en tuèrent ou blessèrent plusieurs; il le fit jeter ensuite, en plein hiver, avec des meules de moulin au cou, dans une rivière glacée, mais il surnagea et ne sentit pas le froid.

Ce fut ensuite le tour du supplice de la chaudière remplie de plomb fondu; ce supplice fut inoffensif pour lui, comme les autres, mais une goutte du terrible liquide jaillit sur l’oeil du tyran, qui ressentit une affreuse douleur et devint borgne. Sa fureur lui donna le courage de poursuivre son oeuvre barbare, et le généreux martyr fut jeté dans une autre chaudière bouillante, remplie d’un mélange de poix, de graisse et d’huile; il entra en chantant de pieux cantiques, et des anges vinrent le faire sortir. Rictiovarus, fou de rage et sans doute saisi du démon, se jeta au milieu du brasier et s’y tordit dans le désespoir. Telle fut la fin de ce grand persécuteur, qui fit périr tant de chrétiens dans les Gaules.

Quant à Crépin, il eut la tête tranchée le lendemain. Le culte de saint Crépin est un de ceux qui sont restés les plus populaires; des confréries ouvrières furent établies sous son vocable, de nombreuses églises bâties en son honneur; d’éclatants miracles furent obtenus par son intercession.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame,

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