Sainte Élisabeth de Hongrie Veuve, Tertiaire de Saint-François (1207-1231)
Sainte Élisabeth, fille d’André II, roi de Hongrie, connut toutes les joies et toutes les grandeurs, mais aussi toutes les épreuves de la vie, et Dieu a donné en elle un modèle accompli aux enfants, aux jeunes filles, aux épouses, aux mères, aux veuves et aux religieuses, aux riches et aux pauvres. Après une enfance tout angélique, elle fut fiancée au jeune prince Louis de Thuringe; toutefois le mariage n’eut lieu que quelques années plus tard. Dès lors Élisabeth donnait tout ce qu’elle avait; elle allait sans cesse dans les cuisines du château pour recueillir les restes et les porter aux pauvres. Sa piété, son amour de Dieu la poussait au sacrifice et elle s’élevait vers Dieu à toute occasion avec une facilité extraordinaire.
Les deux jeunes époux, unis par la foi encore plus que par la tendresse, eurent toujours Dieu comme lien de leur affection; peu d’alliances furent mieux assorties et plus saintes que la leur. Louis était un prince éminent par ses vertus et sa sagesse; mais Élisabeth ne lui cédait en rien. Sous ses riches vêtements, elle portait toujours un cilice; tous les vendredis et chaque jour, en Carême, elle se faisait donner la discipline. La dévotion d’Élisabeth n’était ni triste, ni exagérée; au contraire, on ne la voyait jamais qu’avec un visage doux et aimable.
Elle aimait à porter aux pauvres de l’argent et des provisions. Un jour qu’elle descendait par un petit sentier très rude, portant dans son manteau du pain, de la viande, des oeufs et autres mets destinés aux malheureux, elle se trouva tout à coup en face de son mari: « Voyons ce que vous portez » dit-il; et en même temps il ouvre le manteau; mais il n’y avait plus que des roses blanches et rouges, bien qu’on ne fût pas à la saison des fleurs. Parmi les malheureux, elle affectionnait surtout les lépreux; elle lavait leurs plaies et les baisait à genoux. Un jour, elle soigna et plaça dans son propre lit un enfant souillé de la lèpre; son mari, prévenu contre elle, allait se livrer à l’impatience, quand, à la place de l’enfant, il aperçut Jésus crucifié.
Quelle douleur pour Élisabeth, quand son royal mari partit pour la croisade! Elle souffrit avec un grand courage cette séparation, qui devait être définitive, car on apprit bientôt la nouvelle de la mort du prince Louis. Élisabeth restait veuve avec quatre enfants. Alors commença sa vie d’incroyables épreuves. Chassée du château, réduite à la pauvreté la plus entière, méprisée, foulée aux pieds, elle sut se complaire en ses souffrances, et mourut à l’âge de vingt-quatre ans, sous l’habit du Tiers Ordre de Saint-François.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950