Sainte Cécile Vierge et Martyre († 230)

C’est sous l’empereur Alexandre Sévère que souffrit cette jeune Sainte, l’une des fleurs les plus suaves de la virginité chrétienne et du martyre. Fille d’un illustre patricien, seule chrétienne de sa famille, bien qu’elle eût consacré sa virginité à Jésus-Christ, elle dut se résigner à sortir de la maison paternelle, où elle vivait dans la prière, la lecture des Livres saints et le chant des cantiques, pour épouser le jeune Valérien, noble et bon, mais païen.

 

Le soir des noces, quand les époux se trouvèrent seuls, Cécile s’adressa doucement à Valérien:

« Ami très cher, lui dit-elle, j’ai un secret à te confier: mais peux-tu me promettre de le garder? » Ayant reçu le serment du jeune homme, elle reprit:

« Écoute. Un Ange de Dieu veille sur moi, car j’appartiens à Dieu. S’il voit que tu m’aimes d’un mauvais amour, il me défendra, et tu mourras; mais si tu respectes ma virginité, alors il t’aimera comme il m’aime, et sa grâce s’étendra aussi sur toi. » Troublé, Valérien répondit:

 « Cécile, pour que je puisse croire à ta parole, fais-moi voir cet Ange.  — Si tu crois au vrai Dieu et si tu reçois le Baptême des chrétiens, tu pourras voir l’Ange qui veille sur moi. »

Valérien accepta la condition, se rendit près de l’évêque Urbain, à trois milles de Rome, fut instruit, reçut le Baptême et revint près de Cécile. Près d’elle, il aperçut un Ange au visage lumineux, aux ailes éclatantes, qui tenait dans ses mains deux couronnes de roses et de lis, et qui posa l’une de ces couronnes sur la tête de Cécile, l’autre sur la tête de Valérien, et leur dit:

 « Je vous apporte ces fleurs des jardins du Ciel. » Valérien avait un frère nommé Tiburce; au récit de ces merveilles, il abjura les idoles et se fit chrétien. Les deux frères furent bientôt dénoncés, demeurèrent invincibles dans la confession et leur foi et eurent la tête tranchée. Quant à Cécile, elle comparut elle-même devant le tribunal du préfet de Rome:

« Quel est ton nom et quelle est ta condition? lui dit-il.

 — Devant les hommes, je m’appelle Cécile; mais chrétienne est mon plus beau nom.

— Sacrifie aux dieux!

 — Tes dieux ne sont que des pierres, de l’airain ou du plomb. »

Le préfet la fit reconduire chez elle et ordonna de la laisser mourir dans la salle de bains embrasée de vapeurs; Dieu renouvela pour elle le miracle des Hébreux dans la fournaise. Le bourreau vint pour lui trancher la tête; mais il le fit si maladroitement, qu’elle ne mourut que trois jours après. Sainte Cécile est la patronne des musiciens.

  Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950

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