Sainte Adélaïde Impératrice
Sainte Adélaïde Impératrice († 999)
Adélaïde, fille de Rodolphe II, roi de Bourgogne, naquit en 931. Dieu lui avait donné pour mère une femme de très grande piété, et à elle-même de très nombreuses dispositions à la vertu. Elle n’avait que seize ans, lorsque Hugues de Provence, devenu roi d’Italie, l’obtint pour son fils Lothaire.
Mais son bonheur conjugal fut de courte durée. Trois ans après, Bérenger, marquis d’Ivrée, se jetait sur les États de Lothaire, le faisait prisonnier avec Adélaïde et leur fille Emma. Menacé de l’intervention de l’empereur de Constantinople, Bérenger fit disparaître Lothaire. Il se proposait de faire d’Adélaïde sa bru ; mais celle-ci s’y refusa énergiquement. Il l’enferma alors dans une forteresse, d’où la courageuse princesse trouva le moyen de s’évader et de se réfugier à Canossa. Le roi de Germanie, Otton II saisit avec empressement cette occasion d’intervenir dans les affaires d’Italie : il mit en déroute les troupes de Bérenger et délivra Adélaïde, assiégée.
Otton conçut alors le projet d’épouser la jeune veuve. Celle-ci, encouragée par le pape Agapit, accepta de devenir reine de Germanie (951). Elle devint impératrice en 972. Oublieuse des graves torts de Bérenger à son égard, elle poussa la générosité jusqu’à obtenir que ses Etats lui fussent restitués.
Comme mère, Adélaïde s’efforça de faire de son fils Otton un prince vraiment chrétien; mais l’inconstance et l’inconduite de ce fils devaient être pour elle la cause de douloureux chagrins. — L’empereur Otton avait obtenu pour ce fils la main de Théophanie, fille de l’empereur de Constantinople. Ce mariage fit de la vie d’Adélaïde un véritable martyre. À la mort d’Otton, son fils lui succéda sous le nom d’Otton II. Lassé de la tutelle de sa sainte mère, il abandonna toute l’influence à son intrigante épouse. Sentant qu’elle était de trop dans cette cour, Adélaïde se retira dans une retraite au pays de Vaud. Mais la voix populaire ne tarda point à réclamer le retour de la sainte impératrice. Otton se rendit à ce désir et rappela sa mère. Peu après cette réconciliation, Otton mourut subitement à Rome (décembre 983), à l’âge de vingt-neuf ans.
Adélaïde ayant fait reconnaître son petit-fils, Otton III, par les princes allemands, reprit auprès de lui le rôle qu’elle avait rempli auprès de son père. De nouveau elle rencontra la jalouse opposition de sa bru, l’ambitieuse régente. «La main de Dieu me frappe, disait Adélaïde, pour me guérir de mes faiblesses, surtout de mon amour-propre et de la séduction du monde.» La mort la délivra de cette bru en 994.
Les seigneurs la prièrent alors d’assurer de nouveau la régence. Malgré ses répugnances, elle s’y résigna: par sa sagesse et son habileté le nouveau règne s’affermit. Mais dès qu’Otton III eut été déclaré majeur (996), Adélaïde se retira en Bourgogne, son pays natal, réconcilia ses deux neveux près d’en venir aux mains, et se fixa a Seltz en Alsace. Après avoir partagé aux pauvres et aux monastères le peu qui lui restait, elle exhala son âme dans le sein de Dieu, le 16 décembre 999, a l’âge de soixante-neuf ans.
J.M. Planchet, Nouvelle Vie des Saints