Homélie – Dimanche 6 avril 2025 « Que celui de vous qui est sans péché jette la première pierre. »


Frères et sœurs,


Aujourd’hui, les lectures nous offrent un message puissant de renouvellement et de pardon. Chacune de ces lectures nous invite à laisser derrière nous ce qui nous empêche de vivre pleinement la vie de Dieu, et à faire confiance à sa miséricorde infinie. Elles nous rappellent aussi que la rencontre avec Dieu transforme radicalement nos vies et nous appelle à avancer dans la foi, vers un avenir d’espérance.
La première lecture (Isaïe 43, 16-21) nous parle de Dieu qui fait toute chose nouvelle.


Isaïe, dans ce texte, annonce une bonne nouvelle à un peuple qui souffre en exil, un peuple accablé par ses fautes et ses épreuves. Dieu déclare : « Voici que je vais faire une chose nouvelle, elle germe déjà, ne la reconnaissez-vous pas ? ». Ce message de renouvellement est fondamental. Dieu promet une transformation radicale, un nouvel avenir. Ce « nouveau » ne signifie pas simplement une amélioration ou une correction ; il s’agit d’une transformation totale, d’une œuvre de recréation. Le peuple d’Israël, qui a traversé des épreuves et des souffrances, va expérimenter une renaissance, un chemin nouveau qui les conduira vers la liberté, loin de leur passé de souffrance.


Ce message résonne particulièrement aujourd’hui, alors que dans de nombreuses régions du monde, des populations vivent encore dans des conditions de souffrance extrême, souvent à cause de guerres, de pauvreté ou de persécutions. Cependant, même dans ces situations, l’espoir demeure. Comme les exilés d’Israël, nous sommes invités à reconnaître les signes de renouveau que Dieu veut semer dans nos vies et dans notre monde. C’est peut-être un geste de paix dans un pays dévasté par la guerre, ou un acte de solidarité dans une société de plus en plus individualiste. Dieu ne cesse d’agir, et c’est à nous de discerner ses signes de vie.


L’Évangile de Jean (Jn 8, 1-11) nous montre un autre aspect de ce renouveau : la miséricorde de Dieu qui transforme.
Dans cet évangile, Jésus rencontre une femme prise en flagrant délit d’adultère. Selon la loi, elle devrait être lapidée. Mais Jésus, face à cette situation, répond par des paroles de miséricorde : « Que celui de vous qui est sans péché jette la première pierre. » En prononçant cette parole, Jésus ne nie pas la gravité du péché, mais il invite chacun à la réflexion, à la repentance et au pardon. La femme, en face de ce regard miséricordieux, trouve en Jésus une nouvelle vie. Elle n’est pas condamnée, mais réconciliée.


Il est frappant de voir que dans notre monde actuel, il existe encore de nombreux jugements hâtifs. Les médias, les réseaux sociaux, la société en général ont tendance à condamner rapidement les autres, souvent sans connaître toute l’histoire. Mais Jésus, dans cet évangile, nous montre une autre voie : la voie du pardon et de la réconciliation. Un exemple concret peut être vu dans la manière dont certains leaders spirituels ou politiques choisissent d’intervenir dans des situations où des erreurs ont été commises. Au lieu de poursuivre une logique de punition, ils choisissent le dialogue, la repentance et la restauration. Cela nous rappelle que la miséricorde de Dieu est plus grande que notre péché et qu’il nous invite à dépasser le jugement pour vivre dans la liberté du pardon.


Dans la lettre aux Philippiens, saint Paul nous parle de la « valeur suprême » de connaître Jésus-Christ. Pour lui, tout ce qu’il avait avant – sa position sociale, ses réussites personnelles, ses honneurs – n’a aucune valeur face à la grandeur du Christ. Il a tout considéré comme « déchets » pour gagner le Christ. Cela nous renvoie à une vision radicale de la foi chrétienne : nous sommes appelés à tout laisser derrière pour avancer vers la nouveauté que Dieu nous offre en Jésus. Comme Isaïe nous invite à voir le renouveau de Dieu, Paul nous exhorte à vivre de manière détachée des biens terrestres pour gagner le Christ.


Je reviens encore à l’Évangile où Jésus ne condamne pas la femme adultère, mais lui offre une chance de recommencer. Il lui dit : « Va, et désormais ne pèche plus. » Ce n’est pas un simple pardon, mais une invitation à un changement profond, à une conversion. Jésus, en montrant sa miséricorde, nous appelle à avancer vers une vie nouvelle, à dépasser nos erreurs passées et à regarder vers l’avenir. C’est ce que saint Paul vit et témoigne. Il n’a pas peur de reconnaître qu’il a perdu son passé pour gagner une nouvelle vie en Christ.
Nous aussi, dans nos vies, nous avons parfois des passés douloureux, des fautes à porter, des blessures à guérir. Mais l’appel de Dieu est toujours celui du renouveau. Nous sommes invités à renoncer aux poids du passé, à laisser derrière nous nos échecs et à nous tourner vers l’avenir que Dieu prépare pour nous. Le pardon de Dieu est une chance de nous réconcilier avec Lui et avec nous-mêmes, pour avancer vers ce que saint Paul appelle « le prix de l’appel céleste » en Jésus-Christ.


Nous sommes appelés, frères et sœurs, à reconnaître dans nos vies cette œuvre de transformation que Dieu veut accomplir. À l’image du peuple d’Israël dans la première lecture, à l’image de la femme adultère dans l’Évangile, nous avons tous besoin de la miséricorde de Dieu pour avancer. Mais cette miséricorde n’est pas une excuse pour continuer dans le péché ; elle est un appel à la conversion, à vivre dans la nouveauté de Dieu. Comme Paul, nous sommes invités à tout perdre pour tout gagner en Christ. Et c’est en regardant vers lui, en nous laissant renouveler par sa grâce, que nous pourrons trouver cette vie nouvelle qu’il nous promet.
Amen.


Diacre Armando Tcha-Sama WAKIOU, CSSp.

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