La Fête des Saintes Reliques
On entend par Reliques des Saints tout ce qui reste d’eux après leur mort: leurs ossements, leurs cendres, leurs vêtements et autres objets à leur usage. Les protestants se sont avisés de condamner le culte des Reliques des Saints, comme emprunté aux coutumes païennes et n’ayant pas une origine apostolique. La décision du concile de Trente suffit pour montrer la fausseté et la perfidie de leurs raisons. Ce concile, en effet, a décrété contre eux que les corps des martyrs et autres Saints, qui ont été les membres vivants de Jésus-Christ et les temples du Saint-Esprit, doivent être honorés par les fidèles, et que, par eux, Dieu accorde un grand nombre de bienfaits aux hommes. Il fonde sa décision sur l’usage établi dès le 1er siècle et demeuré constant dans l’Église, ainsi que sur l’enseignement des Pères et des Conciles.
Le culte des saintes Reliques n’est donc pas seulement permis, mais ordonné; il n’est pas seulement un droit, mais un devoir. Remarquons-le bien, le culte des reliques diffère des pratiques païennes parce qu’il est surnaturel; nous n’honorons pas les restes des Saints pour des motifs puisés dans la nature; mais pour des motifs puisés dans la foi. Qu’on honore la mémoire et les restes des grands hommes dignes de ce nom, c’est justice; mais qu’on honore la mémoire et les restes des Saints c’est plus que justice, c’est oeuvre de religion, et l’objet final du culte des saintes Reliques, c’est Dieu sanctifiant les Saints, c’est Jésus-Christ, dont les saints sont les membres.
Ce culte est si légitime, que Dieu souvent ordinairement même, glorifie Lui-même les Reliques de Ses Saints par des parfums célestes, par d’autres merveilleux privilèges, par d’innombrables miracles. Ajoutons à cela que le culte des saintes Reliques a aussi son fondement dans la résurrection glorieuse qui attend les corps des Saints; ces restes, Dieu les recueillera Lui-même à la fin du monde et leur donnera tout l’éclat et toute la beauté dont ils sont susceptibles.
Vénérons donc avec respect, dévotion, confiance, ces Reliques précieuses, qui furent autrefois animées par de grandes âmes, ont été les instruments de belles et saintes oeuvres, d’étonnantes vertus, et seront un jour honorées d’une brillante et immortelle gloire. Aimons les pèlerinages aux tombeaux des saints, célébrons religieusement la fête des saintes Reliques, qui suit avec tant d’à-propos la fête de la Toussaint, fête des saintes âmes qui sont au Ciel.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950