Sainte Chrétienne ou Nina vierge

Sainte Chrétienne ou Nina vierge IIIe siècle

Parmi les industries dont la sagesse divine s’est servie pour convertir les peuples les plus barbares, qui étaient en dehors de l’empire romain, une des plus merveilleuses a été d’y envoyer des bannis, des fugitifs, des captifs et des esclaves chrétiens. Ceux-ci par la pureté de leurs mœurs et par la lumière de leurs exhortations, ont souvent converti leurs propres maîtres, et leur ont fait connaître la vérité de l’Évangile.

Nous en avons un grand nombre exemples dans tout le cours de l’histoire de l’Église; mais un des plus admirables est celui de sainte Chrétienne, qui se trouva captive et esclave chez les Ibériens, au Sud du Caucase, du temps de l’empereur Constantin. On ignore de quel pays elle était, et par quel malheur elle était tombée entre les mains de ces barbares; son nom même n’a pu être connu; et celui de Chrétienne est plutôt le nom de la religion qu’elle professait, et qu’elle implanta dans l’Ibérie, que celui de son baptême.

Dans la servitude, son esprit ne fut pas captif; elle y servait Dieu avec une innocence et une pureté admirables. L’oraison était sa vie et le jeûne sa nourriture. Elle obéissait à ses maîtres avec une douceur et une modestie que les ravissaient. Elle méprisait l’or et l’argent et les ornements du corps; elle ne se mettait en peine que de parer son âme des plus nobles vertus. On la voyait, après avoir fait le devoir de sa condition, se retirer dans un coin de la maison, et y passer des heures entières, tant de jours que de nuit, les larmes aux yeux, et dans une prière très fervente.

Cette conduite étonna d’abord les femmes du pays. Elles ne pouvaient assez admirer que cette jeune esclave vécût chaste dans un milieu corrompu et qu’elle fût joyeuse et contente dans une condition aussi assujettissante. Ses abstinences et ses prières, si longues et si constantes, les effrayaient; et elles ne comprenaient pas pourquoi elle refusait tous les plaisirs de la vie dont elle pouvait jouir. Elles l’interrogèrent sur toutes ces choses. Ce fut alors qu’elle leur révéla que le Dieu qu’elle adorait était un Dieu d’une pureté infinie, que Jésus-Christ, Son Fils étant descendu sur la terre pour le salut des hommes, leur avait donné des exemples et des leçons de mortification et de pénitence qu’elle était obligée de pratiquer; et qu’elle attendait après cette vie de misère un bonheur éternel qui récompenserait abondamment toutes ses bonnes actions et ses sacrifices. Elle fit si bien qu’elle arriva à convertir la reine, puis le roi des Ibériens et qu’enfin ce dernier fit demander un évêque et des prêtres à l’empereur Constantin, pour instruire son peuple et le christianiser.

J.-M. Planchet, Nouvelle Vie des Saints, 2e éd. Paris, 1946

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