Saint Pacôme Abbé
Saint Pacôme Abbé (292-348)
Pacôme naquit en 292, dans la Haute-Thébaïde, au sein de l’idôlatrie, comme une rose au milieu des épines. A l’âge de vingt ans, il était soldat dans les troupes impériales, quand l’hospitalité si charitable des moines chrétiens l’éclaira et fixa ses idées vers le christianisme et la vie religieuse. A peine libéré du service militaire, il se fit instruire, reçut le baptême et se rendit dans un désert, où il pria un solitaire de le prendre pour son disciple. « Considérez, mon fils, dit le vieillard, que du pain et du sel font toute ma nourriture; l’usage du vin et de l’huile m’est inconnu. Je passe la moitié de la nuit à chanter des psaumes ou à méditer les Saintes Écritures; quelques fois il m’arrive de passer la nuit entière sans sommeil. » Pacôme, étonné, mais non découragé, répondit qu’avec la grâce de Dieu, il pourrait mener ce genre de vie jusqu’à la mort. Il fut fidèle à sa parole. Dès ce moment, il se livra généreusement à toutes les rudes pratiques de la vie érémitique.
Un jour qu’il était allé au désert de Tabenne, sur les bords du Nil, un Ange lui apporta du Ciel une règle et lui commanda, de la part de Dieu, d’élever là un monastère. Dans sa Règle, le jeûne et le travail étaient proportionnés aux forces de chacun; on mangeait en commun et en silence; tous les instants étaient occupés; la loi du silence était rigoureuse; en allant d’un lieu à un autre, on devait méditer quelque passage de l’Écriture; on chantait des psaumes même pendant le travail. Bientôt le monastère devint trop étroit, il fallut en bâtir six autres dans le voisinage. L’oeuvre de Pacôme se développait d’une manière aussi merveilleuse que celle de saint Antoine, commencée vingt ans plus tôt.
L’obéissance était la vertu que Pacôme conseillait le plus à ses religieux; il punissait sévèrement les moindres infractions à cette vertu. Un jour, il avait commandé à un saint moine d’abattre un figuier couvert de fruits magnifiques, mais qui était pour les novices un sujet de tentation: « Comment, saint Père, lui dit celui-ci, vous voulez abattre ce figuier, qui suffit à lui tout seul à nourrir tout le couvent? » Pacôme n’insista pas; mais, le lendemain, le figuier se trouvait desséché: ainsi Dieu voulait montrer le mérite de la parfaite obéissance. Le saint abbé semblait avoir toute puissance sur la nature: il marchait sur les serpents et foulait aux pieds les scorpions sans en recevoir aucun mal; lorsqu’il lui fallait traverser quelque bras du Nil pour la visite de ses monastères, les crocodiles se présentaient à lui et le passaient sur leur dos. Sur le point de mourir, il vit son bon Ange près de lui.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950