Amoris fidélis

Quand on assiste de temps à autres à la célébration des noces d’argent et d’or, nous avons la chair de poule. Fêter vingt-cinq (25) voire cinquante (50) ans de mariage, de vie commune, ce n’est pas du tout facile. C’est tout un symbole de fidélité d’un couple. Même si l’on se rend à l’évidence que la fidélité n’est pas une valeur à la mode en ce moment.
On comprend alors que la fidélité serait passéiste, elle n’aurait pas le sens de l’histoire familiale. Or, une vie sans amour fidèle n’est rien rien. Ainsi, l’autre, quand on l’aime, est un univers qu’on a jamais fini d’explorer. L’harmonie naît entre deux êtres, leur bonheur, c’est aussi le fruit de leur volonté commune de construire leur amour sur le serment de fidélité.
L’amour n’étant pas seulement un miracle né d’une rencontre, il est jour après jour ce que l’on veut qu’il soit. Il faut décider de le réussir.

Malgré tout cela, beaucoup craignent de s’aimer autant car rien ne garantit une continuité entre l’être qui s’est engagé et celui que nous sommes maintenant. Tant les événements de l’existence bouleversent notre vie que d’une façon ou d’une autre, nous sommes plus le même. C’est ce courant de pensée qui semble loin de dominer la vie des couples.
Mais, vieillir ensemble revêt l’acceptation de l’autre tel qu’il est, tout en étant joyeux du bonheur qu’il trouve. L’aimer dans sa totalité pour ce qu’il est, laideur et beauté, défauts et qualités.
Chacun pouvant trouver sa route dès lors qu’il s’efforce de comprendre l’autre. Et, pour comprendre l’autre, il faut le voir, l’imaginer qu’on est à sa place.
A croire que l’engagement est sans condition en terme de fidélité dans un couple. L’homme ou la femme fidèle en aucune façon ne fait mieux que les autres. Il a un supplément d’âme moral du fait de sa promesse, ou encore, de son engagement. Il a une forme de maîtrise sur l’avenir du couple.
De cette image idéale, la fidélité s’ancre dans la réciprocité tout en se nourrissant de l’engagement et de la confiance de l’autre à travers un partage et un amour mutuels.

Pourtant nul ne niera que les chutes, les accidents ou les défaillances restent possibles à cette quête. La fidélité étant plus forte que les infidélités occasionnelles, qui, s’expriment déjà par le péché en pensée, de nos regards vicieux sur la femme d’autrui dans les maisons, rues et ruelles.
La fidélité peut cependant être vécue comme fidélité pour l’autre, au sens d’une fidélité qui se substitue à son désengagement, en perpétuant l’amour originel qui continue à battre et à vivre dans l’absence ou la défaillance de l’être aimé. On entre alors dans une nouvelle dimension de la fidélité qui, devient un mystère excédant une vision trop immédiatement humaine de notre engagement.

Somme toute, la promesse de fidélité est une assomption, qui peut être difficile et douloureuse, de la finitude selon les cas, pour la simple raison que, qui aime fidèlement aime pour toujours.
Pour chaque couple donc, la fidélité est un chemin singulier, qui le distingue de façon unique, et, qui survient de la rencontre de deux êtres dont jaillit un tout unique. Entretenant une connivence secrète avec la perspective de la mort.

Jusqu’au point où la foi prend son relais. Il reste que, soutenue par la foi, la promesse de fidélité se projette au-delà de l’horizon de la mort.
Ancrée dans cette reconnaissance de la fidélité indéfectible du Maître à son peuple et du Christ à l’Eglise, la fidélité humaine s’ouvre désormais à un avenir absolu. Celui d’une vie éternelle qui récapitule en elle, tout le déploiement de la relation de fidélité à travers notre histoire commune de vie de couple.

Kelly, faith