Allocution du 18 avril 2025, Vendredi Saint, année C


Frères et sœurs,


Aujourd’hui, l’Église ne célèbre pas une messe. Elle se tient en silence. Aujourd’hui, c’est le jour où tout s’arrête. Le Christ est mort. Le Fils de Dieu a donné sa vie. Il n’y a pas de plus grand amour. Le Vendredi Saint, ce n’est pas seulement un souvenir tragique. C’est un mystère que nous revivons. Nous sommes là, au pied de la croix, comme Marie, comme Jean, comme les femmes qui pleurent. Et nous écoutons, une fois encore, ce récit bouleversant de la Passion.


Le prophète Isaïe nous avait déjà parlé de lui, ce Serviteur méprisé, sans beauté, rejeté par les hommes, transpercé à cause de nos péchés. Et pourtant, c’est par ses blessures que nous sommes guéris. Jésus a assumé la souffrance humaine, il a pris sur lui nos ténèbres, nos fautes, nos douleurs, pour les traverser avec un amour qui ne recule devant rien. Il n’a pas fui la croix. Il n’a pas négocié son salut. Il s’est donné, totalement. Et c’est dans cet abaissement que se révèle la puissance de Dieu.


Dans la lettre aux Hébreux, nous entendons que Jésus, bien qu’il soit Fils, a appris l’obéissance par la souffrance. Il a connu l’angoisse, la peur, les larmes. Cela veut dire une chose extraordinaire : Jésus ne souffre pas « à côté » de nous, il souffre avec nous. Il est passé par ce que nous vivons. Il est solidaire de toute douleur humaine. Il est le grand prêtre compatissant, non pas distant ou indifférent, mais proche, très proche. Il sait ce que c’est que d’être trahi, d’avoir peur, de se sentir seul, d’être injustement accusé. Alors, quand nous souffrons, nous pouvons nous tourner vers lui. Il comprend.


Et puis il y a l’Évangile. Long, dense, silencieux. On ne peut pas tout commenter, mais certains gestes disent tout. Jésus qui se livre librement : « C’est moi », dit-il aux soldats. Il protège ses disciples. Il parle avec dignité à Pilate. Il garde le silence face aux cris. Il confie sa mère à Jean, et Jean à sa mère. Et à la fin, il dit : « Tout est accompli. » Ce ne sont pas des mots de défaite. Ce sont des mots d’amour. Tout est accompli : l’amour a été donné jusqu’au bout.


Ce qui frappe dans la Passion selon saint Jean, c’est que Jésus semble maître de chaque instant. Ce n’est pas un condamné impuissant, c’est un roi qui règne… depuis la croix. Son trône, c’est le bois. Sa couronne, c’est d’épines. Son manteau royal, c’est le sang. Il règne, non pas en dominant, mais en s’abaissant.


Alors aujourd’hui, que faisons-nous devant cette croix ? Est-ce que nous la regardons comme un objet triste ou comme un mystère d’amour ? Beaucoup veulent des signes de puissance, de miracles, de gloire. Dieu, lui, nous donne un signe de faiblesse, un homme cloué sur le bois. Mais c’est là que tout change. La croix n’est plus le signe de la mort, elle est devenue le lieu de la vie.


Frères et sœurs, adorons la croix non pas comme un symbole de souffrance, mais comme le témoignage de l’amour le plus grand. Mettons-y nos propres croix, nos fatigues, nos blessures. Et croyons que ce bois, aujourd’hui silencieux, portera bientôt les fruits de la Résurrection.
Ce soir, nous ne parlons pas beaucoup. Mais dans le silence, la croix nous parle. Elle nous dit : « Tu es aimé, jusqu’au bout. »
Amen.

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