Saint Hubert Évêque et Saint Martin de Porrès
Saint Hubert Évêque (657-727)
Saint Hubert était un prince de la lignée de Clovis, roi de France. Il avait douze ans quand, au milieu d’une chasse, il vit un ours furieux se jeter sur son père et l’étreindre de ses griffes redoutables. À ce spectacle, il poussa un cri vers le Ciel: « Mon Dieu, faites que je sauve mon père! » Aussitôt, se jetant sur l’animal féroce, il lui donne le coup de la mort. C’est là, sans doute, le premier titre de saint Hubert à sa réputation de patron des chasseurs.
Plus tard, Hubert chassait, un Vendredi saint, dans la forêt des Ardennes, ce qui était une chose peu convenable pour un chrétien. Soudain, un beau cerf, qu’il poursuit avec ardeur, s’arrête et lui fait face. Entre les cornes de l’animal brille une Croix éclatante, et une voix prononce ces paroles:
« Hubert! Hubert! Si tu ne te convertis pas et ne mènes pas une vie sainte, tu descendras bientôt en enfer.
— Seigneur, s’écrie le jeune prince, que voulez-Vous que je fasse?
— Va vers l’évêque Lambert, il t’instruira.
« Bientôt Hubert renonce à tous ses droits sur la couronne d’Aquitaine, se revêt d’un costume de pèlerin et s’achemine vers Rome. Comme il arrivait au tombeau des saints Apôtres, le Pape Sergius, dans une vision, apprenait le meurtre de l’évêque Lambert, victime de son zèle pour la défense de la sainteté conjugale, et il recevait l’ordre d’envoyer à sa place le pèlerin qui arrivait en ce moment, pour prier, à la basilique de Saint-Pierre. Le Pontife trouva en effet l’humble pèlerin, lui fit connaître les ordres du Ciel, et Hubert, malgré sa frayeur et ses larmes, dut se soumettre à la Volonté de Dieu.
De retour en sa patrie, il fonda l’évêché de Liège, où il fit briller toutes les vertus des Apôtres. Sa douce et persuasive éloquence captivait les foules; il parlait quelquefois pendant trois heures consécutives, sans qu’on se lassât de l’entendre. A la puissance de la parole il joignait celle des miracles. A sa prière, les démons abandonnaient le corps des possédés, les flammes de l’incendie s’éteignaient, la sécheresse désastreuse cessait tout à coup pour céder la place à une pluie féconde: « Le Dieu d’Élie est le nôtre, disait-il, implorons-Le dans la prière et le jeûne; la miséricorde fera le reste.
« Une voix céleste lui dit un jour: « Hubert, dans un mois tes liens seront brisés. » Il se prépara pieusement à la mort, et, après avoir chanté le Credo et entonné le Pater, il rendit son âme à Dieu. On l’invoque spécialement contre la rage et contre la peur.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950
Saint Martin de Porrès Religieux du Tiers Ordre de St-Dominique (1569-1639)
Ce Saint naquit à Lima, dans l’Amérique méridionale. Son père, Don Juan de Porrès, était un conquérant espagnol, et sa mère, Anna Velasquez, une esclave noire devenue libre. Comme Martin ressemblait beaucoup à sa mère par sa couleur il devint une cause d’humiliation pour son père qui l’abandonna à son sort. Son admirable pureté de moeurs, sa modestie, son humilité et sa charité pour les pauvres furent les vertus caractéristiques de son enfance et de toute sa vie.
A quinze ans, Martin de Porrès entra dans le Tiers-Ordre de St-Dominique. Le jeune novice chérissait tellement l’humilité qu’il accomplissait avec délice les offices les plus abjects du couvent. Il se regardait et se nommait le plus grand des pécheurs, baisait à genoux les pieds de ceux qui le chargeaient d’injures et les suppliait de le fouler à leurs pieds. Son aversion pour les moindres fautes était implacable. Afin de les éviter sûrement, saint Martin de Porrès ne cessait de châtier son corps par des jeûnes continuels, des cilices et des chaînes de fer. Il affectionnait tellement le divin Sauveur que la force de cet amour surnaturel le fit un jour s’élever de terre, s’envoler vers un crucifix et baiser la plaie du Coeur de Jésus. Il ne parlait que de Dieu ou avec Dieu et déversait son trop plein d’amour divin sur tous les hommes, particulièrement sur les malades et les agonisants. Ce Saint de la charité déploya son intarissable dévouement dans l’office d’infirmier dont il fut chargé.
Dieu Se plut à honorer l’éminente charité de Son serviteur en le gratifiant de faveurs extraordinaires. Saint Martin de Porrès connaissait les secrets des coeurs, prédisait l’avenir, dévoilait les ruses des démons et repoussait leurs assauts avec autorité. Il devinait à distance les désirs des malades et se transportait miraculeusement à leur chevet. Pendant une épidémie qui sévit au couvent du Rosaire, on garda toutes les portes closes. Les malades furent ébahis de constater la présence subite du Saint près de leur lit. On a vu et entendu saint Martin de Porrès en Europe, en Chine, en Algérie, au Japon, alors qu’il n’a jamais quitté l’Amérique. Quoiqu’il n’eût point fait d’études religieuses, l’humble infirmier résolvait les plus graves questions de la théologie avec tant de sûreté que les hommes les plus doctes proclamaient avec émerveillement que sa science ne pouvait lui venir que du ciel.
Sa bonté proverbiale s’étendait même aux animaux nuisibles. Afin de leur éviter de tomber dans les pièges meurtriers du frère sacristain qui se plaignait de voir ses étoffes rongées par les rats et les souris, il rassembla un jour toutes ces petites bêtes, et déposant son panier par terre, il leur enjoignit de grimper dedans. Lorsque toutes ces indésirables créatures eurent monté dans sa corbeille, il les transporta au fond du jardin, leur promettant de les nourrir chaque jour.
Dieu lui révéla d’avance le jour de sa mort. Le Saint demanda que tous les religieux du couvent soient présents à ses derniers moments et leur demanda pardon pour toutes les offenses qu’il avait pu commettre envers eux. Ses frères récitèrent avec émotion le Symbole des Apôtres; arrivés à cette parole: «Le Verbe S’est fait chair», saint Martin de Porrès posa doucement le crucifix sur sa poitrine et rendit à Dieu son âme innocente, le troisième jour de novembre 1639, à l’âge de soixante ans.
Comme durant sa vie, de nombreux miracles continuèrent de témoigner de son éminente sainteté. Après avoir examiné et approuvé ces prodiges, le pape Grégoire XVI rangea Martin de Porrès au nombre des bienheureux, le 19 mars 1836; Jean XXIII lui décerna les honneurs de la canonisation.
Résumé O.D.M.