Saint Lucien Prêtre et Martyr(+312)
Samosate, ville de la Syrie, fut la patrie de saint Lucien; il reçut de ses pieux parents une excellente éducation, mais il eut le malheur de les perdre à l’âge de douze ans. N’ayant plus aucune attache au monde, il vendit ses biens, se fit moine et n’ambitionna qu’une gloire: celle de consacrer ses grands talents et sa vie entière à la connaissance des Saintes Écritures et à la défense de la vraie foi. Bientôt une école se forme autour de son nom à Antioche, et bon nombre de jeunes gens viennent chercher près de lui les leçons de la science et de la vertu. Son zèle émeut les ennemis de la religion de Jésus-Christ; il est arrêté par ordre de l’empereur Maximin et passe neuf ans dans un cachot. Là, il trouve le moyen d’écrire des lettres aux habitants d’Antioche pour les consoler et pour les affermir; il compose une savante apologie de la religion, qu’il ose présenter à ses juges. L’empereur essaye lui-même de vaincre ses résistances.
Après avoir employé en vain les plus séduisantes promesses, il l’expose à la dent des bêtes féroces; il lui fait subir les divers supplices de la roue, du chevalet, du feu, et d’autres encore; chaque tourment aboutit à une miraculeuse victoire. Le héros chrétien est reconduit en prison, où il passe quatorze jours dans les privations et les souffrances. L’Épiphanie approchait, et Dieu fournit à Son martyr la force et les moyens de la célébrer; il n’y avait point d’autel, et le cachot infect n’était pas approprié au sacrifice: « Ma poitrine, dit le Saint à ses disciples inquiets, servira d’autel, et vous qui m’entourez, vous formerez le temple qui nous dérobera aux regards des profanes. »
Une dernière fois, Lucien est appelé devant le tyran, qui l’interroge: « Quelle est ta patrie? — Je suis chrétien! — Quelle est ta profession? – Je suis chrétien! — Qui t’a donné le jour? — Je suis chrétien! » Est-il rien de plus sublime que cette réponse? Elle fut bientôt suivie de la récompense, car Lucien jeté à la mer après avoir été attaché à une pierre énorme, consomma ainsi son sacrifice.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950