Saint Placide et ses Compagnons, Martyrs

Saint Placide et ses Compagnons, Martyrs (518-542)

Saint Placide appartenait par sa naissance à une des plus anciennes et des plus célèbres familles de Rome. Il fut confié, âgéSaint Placide et ses Compagnons, Martyrs* de sept ans, à saint Benoît, pour être élevé à Subiaco, sous sa conduite. On le voit dès lors pratiquer rigoureusement les exercices de la vie monastique. L’obéissance l’ayant envoyé un jour chercher de l’eau dans le lac voisin, il tombe et est entraîné par les flots. Benoît, du fond de son monastère, a la connaissance miraculeuse de ce malheur; il appelle son disciple Maur: « Courez vite, mon frère, lui dit-il, l’enfant est tombé à l’eau. » Maur s’élance, muni de la bénédiction de l’abbé, marche sur les eaux, saisit par les cheveux l’enfant, qui surnage encore, et le ramène sur le bord.

Depuis ce temps, Placide fit des progrès plus grands encore, au point que saint Benoît lui-même en était dans l’admiration. Le saint abbé envoya plus tard son bien-aimé disciple en Sicile pour y établir un monastère. Son austérité y devint de plus en plus étonnante et allait beaucoup au-delà des prescriptions de la Règle; il ne buvait jamais que de l’eau, faisant Carême en tout temps et souvent ne mangeant que trois fois la semaine et du pain seulement. Pour vêtement il portait un cilice; son siège était son unique lit de repos; son silence n’était interrompu que par les saintes exigences de la charité. Par sa vertu d’humilité, il attirait à lui tous les coeurs.

Ses innombrables miracles le rendirent presque l’égal de saint Benoît: un jour, en particulier, il guérit par sa bénédiction tous les malades de son île réunis près de lui. Placide et ses religieux furent faits prisonniers, dans leur couvent, par des pirates cruels qui les maltraitèrent affreusement. Le Saint animait ses compagnons à la persévérance. Le tyran, outré de dépit à la vue de l’inébranlable constance des martyrs, les fit, à différentes reprises, fustiger très cruellement; mais Notre-Seigneur vint fermer et guérir leurs plaies. Placide exhortait le tyran et ses bourreaux à se convertir au christianisme; c’est alors qu’on lui brisa les lèvres et les mâchoires à coups de pierres et qu’on lui coupa la langue jusqu’à la racine. Mais le martyr parla aussi bien qu’auparavant. Le bourreau, n’étant nullement touché du prodige, inventa un nouveau supplice; il fit coucher le saint moine à terre et lui laissa toute une nuit sur les jambes des ancres de navire avec d’énormes pierres. Tous ses efforts vinrent échouer devant cet invincible défenseur de la foi. Placide et ses compagnons eurent enfin la tête tranchée.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950

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