Saint Willibrord Évêque (658-738)
Saint Willibrord fut annoncé à sa pieuse mère par une éclatante lumière qui lui apparut en songe. Dès sa plus tendre enfance il fut placé, pour son éducation, dans un monastère de l’Angleterre, son pays. Après de brillantes études, ordonné prêtre à trente-trois ans, il sentit le feu du zèle dévorer son âme et résolut de porter l’Évangile aux barbares du Nord. Il s’embarqua donc avec douze compagnons et aborda sur les rivages du Rhin, au pays des Frisons. La conversion de ces peuples farouches, commandés par des chefs cruels, présentait des difficultés incroyables; aussi le zèle de l’ardent missionnaire ne fut-il ni toujours ni partout couronné de succès. Plusieurs fois, Willibrord s’exposa au martyre en combattant de front les superstitions des pays où il passait; mais son heure n’était pas venue; Dieu le destinait à de plus longs travaux.
Il reçut la consécration épiscopale des mains du Pape Sergius Ier, et revint travailler avec une nouvelle ardeur à la conquête des âmes. Poussant ses missions plus avant vers le nord, il eut le bonheur de gagner à Jésus-Christ la plus grande partie des contrées connues depuis sous le nom de Zélande et de Hollande. Le don des miracles ne contribua pas peu à ses succès. Dans une course apostolique, le saint évêque et ses compagnons entrèrent, harassés de fatigue, dans la maison d’un habitant du pays, qui fut très honoré de les recevoir, mais n’avait pas une goutte de vin à leur offrir. Les missionnaires en avaient un peu: leur chef le bénit, et quarante personnes purent satisfaire leur soif.
Une autre fois un païen, lui voyant traverser sa propriété, lui adressa des injures; le lendemain, il fut frappé d’une manière foudroyante par la main de Dieu. Tout pauvre qu’il était, le Saint donnait toujours. Douze mendiants vinrent un jour lui tendre la main; il n’avait qu’un petit flacon de vin, il les fit boire, et le flacon se trouva plein comme auparavant. Ainsi Dieu favorisait l’oeuvre de Son serviteur. Souvent, par l’eau bénite et le signe de la Croix, l’apôtre mettait en fuite l’ennemi des âmes. Dieu lui donna un puissant auxiliaire en son compatriote Winfrid, devenu saint Boniface. A sa mort, son tombeau, trop petit, s’allongea pour le recevoir, et son corps exhala un délicieux parfum.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950