Saint Dominique de Silos Abbé († 1073)
Saint Dominique, surnommé de Silos, à cause de son long séjour dans le monastère de ce nom, était de la souche des anciens rois de Navarre. Il se mit à l’étude, n’ayant guère pour maître que l’Esprit-Saint. Devenu prêtre, il entra bientôt dans un monastère de l’Ordre de Saint-Benoît, où il brilla au premier rang par sa sainteté.
Le monastère de Silos était bien déchu de sa gloire et de sa ferveur passées. Le moine Licinien, qui gémissait de cet état de choses, disait la Sainte Messe quand Dominique entra dans l’église; par une permission de Dieu, lorsque, au moment de l’offertoire, il se tourna vers le peuple pour chanter: Dominus vobiscum, il chanta: Voici le restaurateur qui vient! Et le choeur répondit: C’est le Seigneur qui l’a envoyé! L’oracle ne tarda pas à se vérifier.
La charité du Saint ne se concentrait point dans son monastère, mais elle s’étendait à tous les affligés. Le don des miracles attirait au couvent des aveugles, des malades, des boiteux, et il les guérissait par centaines, comme le prouvent encore aujourd’hui les ex-voto de la chapelle où sont gardées ces reliques. Les guirlandes de chaînes, de boulets, de fers, suspendues aux voûtes attestent sa charité spéciale pour les pauvres chrétiens captifs des Maures d’Espagne; il allait les consoler et payer leur rançon, préludant ainsi à l’Oeuvre de Notre-Dame-de-la-Merci.
Après de longues années de bonnes oeuvres, Dominique sentit approcher le moment de la récompense, il en fut même averti par la Sainte Vierge: « J’ai passé toute la nuit avec la Reine des Anges, dit-il un jour à ses religieux; Elle m’a invité à me rendre près d’Elle dans trois jours; je vais donc aller bientôt au céleste festin où Elle me convie. » Il fut, en effet, malade trois jours; ses frères virent son âme monter glorieuse au Ciel. C’est à son tombeau que la mère de saint Dominique de Guzman obtint la naissance de son fils.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950