Fête du Christ-Roi

Jésus-Christ, Roi des rois, venez, adorons-Le!

C’est par cet Invitatoire que débute l’Office de la plus récente des fêtes de Notre-Seigneur, établie par Pie XI, le 11 décembre 1925. Cette fête nous ramène aux images plus viriles et moins mièvres des premiers siècles: dans ses cimetières et ses sanctuaires, la jeune Église aimait à représenter le divin Maître avec la Majesté de «Celui qui commande aux rois de la terre», et qui viendra juger les vivants et les morts. Même sur les crucifix on voyait le triomphateur avec la couronne et le manteau royal.

La liturgie a conservé de très nombreux vestiges de ce culte. Chaque jour à l’Office de Prime, l’Église fait renouveler le serment de fidélité au Roi: «Au Roi immortel honneur et gloire!» Saisissant est l’hommage rendu au Roi le dimanche des Rameaux, quand le peuple accompagne solennellement le Seigneur avec des palmes, et chante devant le portail fermé de l’église: «Gloria, laus et honor tibi sit, Rex Christe. Gloire, louange et honneur à Toi, Christ Roi!» Même le jour du Vendredi-Saint sous l’hommage de douleur, l’Église considère le Roi sur le trône de la croix: «Regnavit a ligno Deus. Le Seigneur règne du haut de Sa croix de bois.» C’est dans cet esprit qu’elle entonne l’hymne «Vexilla Regis. L’étendard du Roi s’avance.»

Ce n’est pas seulement l’Église, c’est Dieu Lui-même qui nous enseigne cette doctrine. Nous lisons dans l’Évangile qu’en annonçant à Marie la naissance de Jésus, l’Ange mentionna expressément Sa royauté: «Dieu Lui donnera le trône de Son père David; Il régnera pour l’éternité sur la maison de Jacob, et Son règne n’aura pas de fin.» – Au cours de Sa vie, même au milieu de Ses abaissements et de Ses humiliations, Jésus a conscience d’être Roi, et ne cesse de l’affirmer même en présence de la mort. «Tu es donc Roi?» Lui demande Pilate. «Tu l’as dit, Je suis Roi», lui répond Jésus. Et c’est sûrement en vertu d’une disposition divine que le titre de la croix fut ainsi rédigé par Pilate: «Jésus de Nazareth, Roi des Juifs.» Et depuis l’Ascension, comme nous le récitons tous les jours dans le Credo. «Il est assis à la droite de Dieu, le Père tout-puissant.»

Jésus-Christ est encore notre Roi par le libre choix de nos cœurs, puisque nous nous sommes rangés sous Ses étendards par les engagements de notre baptême, renouvelés solennellement au jour de notre Première communion. Soyons fidèles à nos serments, dans toutes les circonstances de notre vie publique et privée. Ne soyons pas de ceux qui refusent à Jésus-Christ leurs hommages dans la conduite de leurs affaires, qui rougissent de Le reconnaître en public pour leur Roi et Maître, de saluer ou d’escorter le Saint-Sacrement, qui, par peur ou par intérêt, n’hésitent pas à passer dans le camp de Ses ennemis.

On n’est pas un héros en garnison, mais seulement sur le champ de bataille. Dans les jours de tranquillité et de sécurité, il en coûte peu de se compter au nombre des disciples du Christ, et de chanter: «Nous voulons Dieu. C’est notre Roi!» Ce n’est qu’à l’heure de l’épreuve que se révèle le vrai soldat de Jésus-Christ; parce que c’est alors qu’il doit tenir, lutter, souffrir, et au besoin verser son sang pour son Roi, à l’exemple de nos frères d’Espagne et du Mexique, mourant au cri de «Vive le Christ Roi!»

– Nos âmes, «qu’elles le veuillent ou non, qu’elles le sachent ou l’ignorent, toutes, elles ont cessé d’appartenir au monde antique, elles ont respiré l’atmosphère de ce pays sanctifié, elles ont subi l’influence du baptême de la France. À travers chacune d’elles, je vois transparaître une image, nette ou effacée, toujours reconnaissable, celle du Maître qui apporta à la terre la charité, de l’Ami des pauvres, du Consolateur des souffrants, de Celui qui a passé en faisant le bien, et qu’avec des millions de vivants et des milliards de morts, j’ai la joie de nommer: Notre-Seigneur Jésus-Christ!» (René Bazin, à l’Académie française.)

Qu’au nom de Jésus, tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse, à la gloire de Dieu le Père, que Jésus-Christ est Seigneur. (Saint Paul.)

J.M. Planchet, Nouvelle Vie des Saints, 1942

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