Bonjour ma sœur, s’il vous plait présentez-vous à nos lecteurs
Je suis la sœur Sépopo Julienne Zoli de la congrégation des Petites Sœurs de la Sainte Famille. J’ai une Licence professionnelle en Sciences de la santé, mention : Sciences Infirmières et Obstétricales. Étant une IDE (Infirmière Diplômée d’Etat), mon désir de servir Dieu dans mon institut se réalisa à travers les consultations et les soins portés aux malades avec enthousiasme et empathie dans notre CMS (Centre Médico-Social) Pura Pagani.
Je répondis à l’appel de Dieu en juin 2013 à travers ma profession temporaire en faisant vœux de Pauvreté, Chasteté et d’Obéissance. Et en septembre 2019, je fis mes vœux perpétuels.
Je fis partie de la commission vocationnelle pour le suivi et l’accompagnement des jeunes qui désirent entrer dans notre Congrégation pour le cheminement. J’ai fait la JEC (Jeunesse Étudiante Catholique) où se fait entre autres activités, la Lectio Divina (lecture, méditation et partage de la parole de Dieu). J’ai assisté d’autres groupes de jeunes dans les enseignements et je suis aussi très heureuse d’avoir contribué à la création de la chorale des enfants « Chanterelles D’amour » sur la paroisse d’Adidogomé.
Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir sœur ?
Le Seigneur m’a totalement séduite et conquise depuis toute petite. Issue d’une famille chrétienne catholique et surtout engagée sur le chemin de la Sainteté. Je dois avouer que ma famille, baignant dans un climat de prière, de complicité, d’amour, d’hospitalité, de simplicité, et, où le maître-mot était la crainte de Dieu, m’a été et m’est toujours d’une aide précieuse pour ne pas dire une bénédiction. Ceci témoigne du soubassement de la personne que je suis en ce jour. Déjà dans l’enfance grâce aux visites accompagnées des cadeaux (chocolats, biscuits et bonbons) des religieuses et prêtres amis de mes parents, s’allumait un feu dans mon cœur, le désir de devenir religieuse moi aussi pour porter la robe blanche, faire le bien et apporter la joie. Ce qui n’est pas le cas de ma sœur jumelle, bien qu’on se réjouissait et savourait ensemble ces présents.
J’ai continué à vivre de plus en plus dans ce cœur à cœur avec Dieu et me rendis compte que lui seul en fait, peut combler ma vie du début jusqu’à la fin, plus qu’une famille, des enfants, un homme puisque j’avais expérimenté une relation amoureuse très belle avec un prince charmant voulant même faire les fiançailles avec un projet de mariage au jeune âge pour avoir deux enfants. Et pourtant quelque chose me manquait. J’ai senti que finalement le Seigneur m’appelait à une autre vocation et que mon bonheur résiderait dans une réponse positive à Dieu. C’était un combat intérieur rude.
Comment est-ce que vous avez connu les sœurs ?
Dans mon cheminement de discernement avec mon père spirituel pour découvrir vraiment la volonté de Dieu sur ma vie. Je reprenais toujours cette phrase en guise de prière : » Mon Dieu que veux-tu que je fasse ? ». Au fond, je cherchais à avoir une vie unifiée, une vie où ma foi et ma recherche humaine ne font qu’un. Je voulais avoir une vie où Dieu est au cœur et présent dans tout ce que je fais. En dehors de mon père spirituel, j’ai connu des sœurs qui ont de l’expérience dans la vie religieuse avec qui, j’ai partagé mon désir de me consacrer et qui, m’ont exhorté à prier, à lire et méditer la parole de Dieu pour être éclairée dans mon choix. Elles m’ont orientée aussi vers leurs Congrégations. Mais après l’expérience de mon premier échec, et surtout ayant à cœur l’obtention du BAC ll. Avant de commencer toute expérience décisive, j’ai dû décliner les propositions. Mais providentiellement, j’ai fait la découverte des PSSF l’année où la congrégation s’installait au Togo par le biais d’une amie qui aspirait aussi à la vie religieuse. Une visite aux PSSF et tout changea. Mon cœur battait comme si j’ai trouvé le Messie, j’ai trouvé une autre famille. J’ai été fasciné par leur style de vie, l’accueil, la joie, la familiarité dans la petitesse au premier contact.
Cette spiritualité franciscaine que j’avais eu la grâce de connaître en lisant la vie de Saint François d’Assise, me laissait découvrir une autre dimension de moi, qui, jusque là, m’est insoupçonnée. Ça a été un moment un peu décisif pour moi, puisque c’est tellement attirant de voir des sœurs vivre radicalement pour Dieu et en même temps humainement être présente dans le réel, imbibé de la réalité actuelle. Dès lors, j’ai débuté les rencontres et accompagnements vocationnelles avec elles.
C’est comme ça que finalement une année après mon BAC 2, j’ai accédé à la communauté des PSSF. Je suis rentrée en octobre 2009, quand j’avais 22 ans. La période de formation pour le discernement était modulée ainsi : 1 an d’Aspiranat, 1 an de Postulat, 2 ans Noviciat, 6 ans de vœux temporaires et enfin les vœux perpétuels, s’il n’y a pas d’empêchement.
Quelles sont les difficultés et les joies de ce choix de vie?
Il y a de cela 13 ans, déjà que j’ai commencé ce parcours et en vivant dans une grande confiance, la joie, la sérénité, et vraiment, il n’y a pas eu un seul jour où je me suis dit que ça ne vaut pas la peine d’être là. Certes, il y a des journées où je suis triste à cause de certains événements, et parfois mes fragilités humaines et blessures intérieures jaillissent à la surface et amplifient la peur de ne pas être à la hauteur de cette grâce. Ce qui me pousse à me poser des questions jusqu’à avoir des petits moments de doute, mais profondément, il y a toujours cette joie du don total de soi, qui est présente.
Moi, je n’aurais jamais imaginé qu’on puisse être aussi heureuse dans la vie religieuse puisque de l’extérieur et à priori, voir des femmes sans lien sanguin, qui ne se sont pas choisies par affinité, avec de différentes cultures et éducations, vivre ensemble et indéfiniment en mettant tout en commun, semble impossible. Et c’est une évidence dans les relations humaines. Oui, c’est possible étant toutes, des créatures de Dieu et mettant ce même Dieu au-dessus de tout.
Aujourd’hui, je ne peux plus imaginer ma vie plus épanouie que celle que je mène actuellement. La vie religieuse n’a tout son sens que si l’on met Jésus-Christ, le Tout Autre devenu le tout proche au centre de sa vie et que l’on fait tout, avec, par et pour Lui, surtout quand l’on arrive à voir en l’autre le Dieu qui s’est donné pour moi et pour qui j’ai aussi choisi de me donner à travers ma consécration. Autrement, on ne pourrait pas la vivre pleinement. Je pense que c’est un peu aussi le signe d’une réponse libre, désintéressée et joyeuse donnée à l’appel de Dieu en voyant que Jésus est au cœur de notre vie. Cette vie là, qui, par ailleurs est pauvre et implique pas mal de renoncements et sacrifices.
L’appel vient toujours en premier dans la manifestation de l’amour de Dieu envers l’appelé (e) et c’est ça qui nous fait vivre et non pas d’abord notre réponse, qui elle, de toutes façons vient toujours en dernier, pour confirmer cet amour. Ce qui compte donc, c’est de revenir à cet appel de Dieu, à ce premier Amour. C’est Lui, qui m’a appelé et c’est à Lui que j’avais répondu joyeusement et c’est à Lui, que je continue par dire OUI au quotidien, même si parfois cette réponse est nonchalante car lourde à prononcer à cause des difficultés. Mais heureusement que ce n’est pas ça que Dieu regarde et que sa grâce est toujours là pour nous aider à sortir le fameux OUI. C’est d’ailleurs ce OUI, qui me porte à rester ouverte à toutes missions peu importe où je suis envoyée car « Je suis une mission sur cette terre » comme nous le rappelle le Pape François dans son encyclique (Evangeli Gaudium).
Un mot pour les jeunes qui aimeraient suivre vos pas
J’écoute raisonner en moi cette pensée de notre Co-fondatrice, Bienheureuse Maria Domenica Mantovani qui sera canonisée le 15 Mai 2022 qui dit : « N’aie pas peur ! Courage et confiance, quand tu as Dieu avec toi tu as tout » Je garde toujours en moi cette flamme d’amour pour les jeunes dans notre maison de formation à yokoé (Postulat) avant de m’ouvrir à d’autres horizons, à d’autres cultures dans les jours à venir dans le même but de croire en l’amour en mouvement, qui pousse à partager la joie de l’Evangile.
Je fais toujours mienne cette pensée de Ste Thérèse d’Avila « Dieu seul suffit ». Je suis heureuse de risquer, d’oser donner ma vie totalement à Dieu mon créateur.
À toi jeune qui me lis en ce moment, n’aie pas peur d’entendre résonner en toi l’appel à la vie consacrée ! Car, il est possible d’opter pour cette vie et d’être heureux. Sûre de cette conviction de Padre Pio » Mon passé, ô Seigneur a ta Miséricorde, mon présent a ton Amour, mon avenir a ta Providence ». Ose aussi comme moi, tu ne seras pas déçue. N’hésite donc pas ! Écoute le Christ t’appeler et accueille en toi son Amour. Écoute le parler à ton cœur, écoute le t’interpeller à travers un événement, une personne, sa parole et accueille en toi son Amour. Il te dit : confiance, c’est moi ! Et n’oublie pas de prendre la Vierge Marie comme ta mère et ta confidente sur cette route dans la prière du chapelet au quotidien.